lundi, juillet 11, 2005

Bang, bang, integrists shot us down.

Le temps passe, les anecdotes marrantes s’oublient et les jours avancent sans que l’on prenne le temps de les partager ou de se retourner pour faire le point. On se retrouve alors perdu au milieu du flot d’informations, de choses à se souvenir et des projets à réaliser.
C’est ce qui se passe depuis le début de mes vacances après cette 1ère année de Droit passée avec succès.
Je suis allé au Fury Fest avec l’ami ceRf, je voulais le raconter mais rien y a fait, pris par le courant doux du rythme estival et surchargé de tâches aussi diverses que fastidieuses, je n’ai pas fait de récit.
Maintenant un récit serait bien maigre et sans intérêt, même s’il est à noter que pendant ce séjour une discussion avec mon voisin de blog je me suis résolu –sur ses conseils- à me laisser prendre au jeu du récit de vie.
Je vous rassure je ne vais pas, dans ce post, vous raconter ma journée mais c’est quelque chose à craindre à l’avenir ; j’essaierai d’y mettre les formes pour éviter d’être moins rébarbatif que ce que le récit d’anecdotes personnelles peut être.

Je vais vous parler des attentats de Londres même si je dois noter par pur professionnalisme que le Fury Fest m’a fait comprendre (et son forum dédié me l’avait fait toucher du doigt) : beaucoup de personnes qui écoutent de la musique type hardcore, métal, punk sont cons, sont fermés, intolérants et pas aimables.
Je sais, je verse dans le poncif éculé mais là ce genre d’attitudes m’a choqué, loin de moi l’idée de généraliser (puisque je m’y inclurai, écoutant ce type de mélopées électriques et gorgées de binouz), mais le nombre de cons sur le forum (surtout) et sur place était à en laisser pantois un directeur de casting de la Nouvelle Star.
Je ne comptais plus le nombre de t-shirt où l’on pouvait lire pendant les concerts « Misanthropia ; Fuck You ; I hate you all, Your god is dead ; Fuck me Jesus » etc. En effet, on pourrait croire à la vue de ces oripeaux (souvent noirs) que les personnes qui les arborent ont saisi comme beaucoup d’entre nous que le monde est constitué de cons, que leur manque de manière, de culture, de savoir-vivre ou tout simplement de finesse et de politesse amenait souvent à vouloir prendre un Hummer et rouler à tombeau ouvert sur les grandes voies parisiennes pour imiter un jeu défouloir bien connu : Carmageddon.
Mais non ! Les chevelus et rasés qui les portaient étaient eux aussi des bas du front, des sales cons qui vous grillent une file entière en plein cagnard en profitant qu’un de leurs comparses soit là, vous rentrent dedans assez violemment avec leur belles boots coquées de la mort avec des flammes (pas dans les concerts on s’entend, cela fait partie du folklore). Ce genre de connards qui font chier les vigiles à l’entrée qui n’ont rien demandé et qui ne sont là que pour faire leur travail, qui traitent comme des merdes les bénévoles aux stands de ravitaillement et j’en passe.
Bref ces gens qui affichent leur haine du monde nourrissent ce même sentiment chez les autres, à leur égard surtout, car ils perpétuent les faits et gestes de toute la masse grouillante de cafards que constitue l’espèce occidentale, bouffie de ses droits et de sa liberté et qui ira écraser la gueule de l’autre tout ça pour avoir plus, plus vite quitte à emmerder le monde ce qui ajoute en bonus un bon divertissement pas cher au détriment de certains (la formule fait recette : la 1ère compagnie).

Voilà pour le chapitre « Je ressors les vieux dossiers qui nourrissent mon excès d’humeurs noires ».
Maintenant Londres. Si j’étais aussi mou que ce que mes profs l’ont prétendu pendant tout le cycle secondaire, je vous renverrai directement sur le blog de ceRf qui est la quintessence du discours sensé et intelligent et qui est tout simplement fabuleux. A dire vrai –et je m’arrêterai de l’encenser là- on a pas grand-chose à rajouter si ce n’est ses fautes de français et ses platitudes dans l’examen de la situation. Alors allez le voir et si le cœur vous en dit lisez-moi jusqu’au bout.

En ce Jeudi 07 Juillet de l’an de grâce 2005, dur réveil quand je me lève pour les infos télévisées de 13h et que je découvre avec horreur les attentats londoniens. Le soir j’allais à l’anniversaire d’un de mes amis chers avec ce spectre du monde occidental dans ce qu’il a de plus emblématique pour le reste du monde et banal pour nous et qui venait de se faire toucher en plein cœur (autant du point de vue de la ville que de la population).
C’est en effet un Madrid 2 qui vient de se passer, si l’on veut catégoriser et amoindrir ou inscrire dans une logique de l’inévitable. Mais pour d’autres que ces dizaines de morts vont enfin réveiller c’est le signe (combien de fois apparu) de notre décalage et de notre égoïsme dans tout ce qu’il a de plus exécrable.
Un décalage car on va voir pendant au moins deux semaines se suivre des émissions spéciales, des éditions extra-ordinaires où l’on parlera de ces attentats, où l’on invitera des spécialistes, où l’on spéculera sur le nombre de terroristes engagés dans cette mécanique meurtrière, leurs réseaux et leur soutien. Nous reviendrons sur le 11/09 qui -même s’il commence à me les brouter (par sa répétition et par l’empathie qu’il suscite)- constitue tout de même un tournant historique dans notre monde capitalisto-centré.

Après la Guerre froide où deux super-puissances s’affrontent, où l’on essaie d’utiliser des pays comme émissaires, des régions du monde comme épouvantail ou comme base pour se prévenir des attaques ennemies, nous sommes passés dans l’ère du terrorisme mondial.
Il s’exprime sous plusieurs formes selon les coins du gobe:
- aux USA c’est le terrorisme intellectuel et civique: on effraie les gens à tour de bras, partout, on les fait douter, on les désinforme afin de les faire tourner en bourrique et mieux les asservir, on malmène allègrement leurs droits fondamentaux pour mieux les enfermer dans un régime panoptique.
- en Europe c’est la même chose mais avec plus de finesse et surtout plus de sournoiserie. On joue sur des peurs primales mais uniquement à des moments clés pour s’assurer une base confortable et une légitimité acquise grâce à l’agitation de l’étendard extrémiste (nationaux ou religieux), insécurité, perte du pouvoir d’achat, etc. Ensuite on maintient le bon peuple dans un état d’anxiété et de fermeture, d’esprit de délation par quelques exemples bien choisis qui, quoi qu’anecdotiques dans l’absolu, s’avèrent être d’excellentes piqûres de rappel : « Votez ceci sinon ça pourra vous tomber sur le coin de la gueule, vous le fonctionnaire/salarié d’une grande entreprise de service qui vivez dans un lotissement dans votre quartier résidentiel avec vos enfants assis devant la télé »
- enfin dans les autres parties du monde on retrouve pêle-mêle des dirigeants qui tirent à leur profit particulier les aides humanitaires, des bidonvilles, des attentats quotidiens pour dire « tu es chez moi et tu dégages ». Le seul problème c’est que ces petites escarmouches dans nos JT sont des Londres chez Pernaud. Alors que chez eux, bonne gens, on continue sa vie, on va chercher de l’eau où il y en a, on ne gruge pas le chef de service pour faire les soldes. 1. parce qu’on a pas de boulot ou ils sont alimentaires et ne nécessitent donc pas d’organisation pensée et optimisée ni d’OST. 2. parce qu’il faut avoir de l’argent à perdre et on a beau dire que c’est la crise on peut encore claquer 30euros dans un maillot que l’on mettra pendant un mois et qui aura nécessité une nourriture ou un régime assez onéreux pour arriver à le porter. On essaie de reprendre le plus vite possible l’activité qui pourra nourri sa famille, pas de chapelle ardente on a pas le temps, pas de grands rassemblements où chacun fait de déclarations d’intention: les bombes et les moyens d’y échapper c’est du concret pour chaque âme qui vit là-bas, ce ne sont pas des RG, SAS et autres CIA. C’est à la débrouille tous les jours selon les membres de la famille qui restent, les lignes de transport en commun qui sont encore en service et les barrages qui n’ont rien de commun avec les grèves des cheminots ou du RER.
Dans ces pays, les émissaires sont des enfants qui, dès le plus jeune âge sont envoyés dans des écoles coraniques où ils apprennent par cœur les versets du Coran (ces textes étant pris pour la parole de Dieu himself par les musulmans) et les régions pour se prévenir des attaques ennemies ou comme base ne sont que de simples quartiers qui grouillent de monde encore plus que nos métros et qui sont la cible d’attaques interethniques, des descentes de flics et –par exemple- la cible des tirs d’obus de Tsahal.

C’est ça notre époque: l’hyper puissance consacrée par la chute de sa rivale est nourrie par cet hyper terrorisme qui la maintient en hégémonie lui donnant plus de pouvoir au fur et à mesure qu’il s’étend et que les gens le craigne: le Patriot Act s’est fait grâce au 11/09, c’est à partir de ses victimes que les Etats-Unis et les pays occidentaux libéraux en feront d’autres. Ils légitiment ainsi la chape de plomb qui pèse sur les consciences, les paroles et les droits de leur population et parallèlement les guerres et les mesures coercitives employées contre des gens qui souffrent et qui n’ont d’autres moyens pour se faire entendre, après des décennies de quémandage, que la révolte et l’agressivité.

Maintenant interrogeons-nous sur la manière dont nos dirigeants, nos médias et nous même traitons le reste du monde, plus particulièrement les « terroristes » puisque ce sont eux qui nous font peur et qui viennent nous remettre les idées en place sur la souffrance, la mort et surtout la folie des hommes dès qu’ils cessent d’être mesurés et de discerner la limite entre conviction, opinion et passion.
Deux manières ont été envisagées pour appréhender le problème extrémiste: -l’ouverture des hollandais et des anglais –notre fermeture et notre rejet qui rejoint celui des Etats-Unis.
Elles sont respectivement arrogantes et inappropriées.
Les Pays-Bas ont cru pouvoir les intégrer et refaire un melting pot à la New York mais cela a échoué pour deux raisons: le manque d’effort des autorités croyant que cela se ferait tout seul et la volonté des intégristes de se démarquer des autres populations et coutumes considérées comme impropres pour eux. L’assassinat de Théo Van Gogh et celui de la femme musulmane ayant quitté sa famille pour vivre comme une européenne en sont des exemples frappant. Ce qui s’en est suivi est logique ou plutôt humain. Chacun s’est replié sur lui-même: les hollandais deviennent sceptiques face à leur politique d’intégration trop ouverte et rejettent de manière de plus en plus virulente tout ce qui ressemble de près ou de loin à des personnes arabes en faisant l’amalgame avec les intégristes musulmans et ces derniers se marginalisent en essayant de se regrouper pour faire front.
La Grande-Bretagne a fait preuve d’un manque de modestie et de lucidité rare en croyant pouvoir accueillir les fondamentalistes sur leur territoire et les contrôler. La même réaction qu’aux Pays-Bas apparaît dans la population : un rejet et une xénophobie croissante. Même si je déplore totalement les attentats de Jeudi et suis encore sous le choc, il faut constater qu’ils ont payé le prix de leur arrogance.

Quant aux Etats-Unis et à la France pour ne citer qu’eux, nous nous refermons sur nous-même, nous ne traitons que ce qui nous concerne dans les médias (comme souligné dans le post de ceRf), nos dirigeants ne parlent que des problèmes franco-français et ne font pas plus d’effort pour limiter le prosélytisme des extrémistes. On ghettoïse les populations étrangères, on ignore leurs maux et leur volonté de se sortir de leur misère ambiante, offrant par la même un terreau idéal pour les discours intolérants et promettant l’Eden pour ceux qui rejoindront les rangs de l’Islam radical. Fustigeant les défauts de nos systèmes respectifs, la décadence de nos pairs et la mort annoncée de nos politiques ainsi que de nos intentions non suivies d’actes. Car c’est là le problème de quasiment toutes les républiques laïques occidentales: on parle, on vitupère, on s’amourache, on s’emporte mais uniquement en paroles mais jamais d’actes. On s’apitoie sur le sort des immigrants et des générations suivantes mais que fait-on concrètement ? Les seuls qui agissent sont les extrêmes: les évangélistes (mal qui ronge les Usa et qui croît en France), les musulmans qui prennent en charge les enfants et les problèmes sociaux alors que ce n’est ni de leur ressort ni à leur échelle et qui mélangent leurs actions avec un endoctrinement. Les rares actions du gouvernement sont des coups de force, des coups d’épée dans l’eau pour être précis: le délogement manu militari de gitans, le totalitarisme qui a suivi à Perpignan qui aurait pu être évité, tout comme les émeutes si les pouvoirs publics avaient pris en compte ces deux communautés et leurs problèmes, leurs antagonismes.

Dans les médias on ne parle pas des terroristes croyant naïvement être oublié, on nie et on rejette le communautarisme sans veiller à ce qu’il ne s’opère pas dans la réalité. Pour éviter la violence, les sursauts de populations meurtries on doit les accepter, s’y intéresser, en parler et les aider, ceci passe par le JT et la puissance étatique pour subvenir aux besoins de ces gens qui sont plus ou moins satisfaits par des personnes inaptes et dangereuses.

Les preneurs d’otages sont visiblement très sensibles aux programmes télévisés alors que nous ne parlons quasiment jamais d’eux. La solution viendrait-elle de nos grands messes du 20h ?

Arrêtons de parler, prenons en compte les personnes à aider, concertons-nous avec elles pour trouver des solutions et nous nous sortirons de ce marasme aussi bien national qu’international. Nous ne sommes pas omniscients ni plus forts, et les autres sont des humains, nous devons donc dépasser nos clivages et les inégalités basées sur le PIB ou la couche sociale.
Rationaliser l’aide et se comprendre mutuellement est la seule voie.