Mea culpa, mea maxima culpa

Notre ami ceRf a eu la brillante idée d'arrêter son blog. C'est une perte énomre. Et je le pense.
Je le pense d'autant plus qu'après avoir publié mon post sur Guy Môquet qui faisait suite à une discussion vive avec un ami j'ai étalé un argumentaire sans réfléchir plus avant.
Et il se trouve que c'est là où l'intelligence du sieur ceRf est salutaire, il a pointé les problèmes de cette circulaire avec brio et mesure. Comme mon blog est con, il bloque ses commentaires, il me l'a donc envoyé par mail.
Après voir reçu son autorisation je le publie ici en tant qu'erratum. Il s'agit en quelque sorte d'un post qu'il aurait pu écrire s'il ne s'était arrêté, et c'est pour moi un grand honneur.
Je ne dirai jamais assez à quel point sa lecture me manque, vous comprendrez en lisant ces lignes.

"Ton article sur Guy Môquet me pousse à réagir.

Certes, les réactions bruyantes dont la presse se fait l'écho sont sans
doute disporportionnées et d'autant plus risibles que si un gouvernement
de gauche ou un ministre de l'éducation communiste avait proposé cette
lecture, elle serait passée sans faire de bruit, voire aurait été
acclamée. Néanmoins, est-ce que cette lettre présente un quelconque
intérêt à être lue aussi solennellement, avec tout le poids de
l'institution et une médiatisation à l'avenant ?

C'est discutable. Ce texte est émouvant, c'est sûr, mais contribue-t-il
à former de meilleurs citoyens ? Je n'y vois pas une réflexion sur la
famille, mais l'amour pour sa famille d'un jeune garçon de dix-sept ans.
Je n'y vois pas une déclaration d'amour à la France, ni une réflexion
sur l'éducation. La lettre de Guy Môquet, ce sont des lieux communs
rapidement expédiés sur ces trois sujets, pas des réflexions. Cette
lettre n'a pas été écrite dans le but d'être édifiante pour les
générations futures, si ce n'est par l'émotion qu'elle suscite. Il n'y a
que ça, de l'émotion. Qu'est-ce qu'elle dit sur le contexte ? Rien. Sur
les ambiguités du communisme au début de la guerre ? Rien. Sur la
collaboration ? Rien.

Qu'est-ce que signifie la lecture d'une lettre uniquement pourvoyeuse
d'émotions dans un contexte aussi solennel, à tout un lycée (donc à des
gens qui n'ont pas cette partie de l'histoire à leur programme et qui,
s'ils se voient expliquer le contexte, ne se le verront expliquer
forcément que succintement) ? Ca n'est ni plus ni moins que la version
historicisée de l'empire de l'émotion que nous envoie Sarkozy à chaque
fois qu'il doit argumenter. Il lui fallait un héros fédérateur, ça sera
Guy Môquet. Sauf que l'histoire, c'est l'inverse du fédérateur.

Je n'ai rien contre l'idée qu'on remette un peu de nation à l'école,
mais à quoi ça mène, Guy Môquet, comme symbole ? Salauds d'allemands qui
l'ont fusillé ? Salauds de collabo ? La France grandie parce que dans
ces heures noires, c'était l'étranger qui tuait des jeunes garçons ? Je
ne sais pas trop. Je trouve ce choix maladroit, voire ambigu. J'aurais
préféré que cette lettre soit étudiée dans le cadre normal du programme
d'histoire, pas instituée en exemple. Oilà."

En conclusion je retire mon raisonnement trop rapide (comme souvent) mais je 
conserve le développement sur les trois valeurs essentielles que je décrivais. 
Bien sûr ces développements perdent leur rapport avec le sujet "Guy Môquet".
Et je garde ma remarque sur le prof qui fait un amalgame atterrant.

Je vous prie de m'excuser. Sincèrement.