mercredi, octobre 17, 2007

Guy Môquet

Lubie du président Sarkozy, ce dernier veut que le 22 octobre soit lue la lettre de Guy Môquet. Je ne rappellerai pas son contenu ni son contexte, tout le monde en est au fait.

Le syndicat majoritaire des profs appelle à «un refus collectif » et d’autres en électron libre refusent de se soumettre à a circulaire également. Pourquoi?

Ce syndicat (on le prendra comme représentatif des réfractaires) invoque une lubie, c'est vrai. Il invoque également la volonté de ne pas céder devant le fait du prince, ah bon.

Les profs se sont conformés pendant des années, en critiquant "les nouveaux programmes tellement éloignés de la réalité" aux lubies de l'Education Nationale mais là un texte demandant une lecture de 3 mn au début d'une journée de cours leur poserait problème?
De plus comme le rappelle un article de Libération, certains professeurs n'ont pas attendu la circulaire du ministère pour la lire à leurs élèves. Alors que quand cette pratique et institutionnalisée, elle devient contestable?
Ce texte a une valeur et un sens intrinsèques, ils changeront parce qu'il sera lu dans toutes les classes?
Quand bien même il s'agit de récupération politique, en quoi les valeurs contenues dans ce texte seraient-elles à écarter ?

Il s'agit tout de même de trois valeurs essentielles:

- les études .Jusque là je ne vois pas en quoi il est mal d'encourager les gens à bosser. Surtout les jeunes de travailler à l’école. La recette est connue, c’est le travail qui mène tout.

- la famille. Il s’agit de la cellule sociétale de base, dans laquelle on apprend le rapport aux autres, les bonnes manières, l’écoute, etc. Des qualités qui manquent tellement à notre époque. Cf. les jeunes qui ne savent plus –ne serait-ce que – se présenter lors de leurs entretiens d’embauche. Le manque de correction général et l’instabilité de nos groupes sociétaux, à commencer par le pays dans son ensemble (même si cela implique bien sûr d’autres problèmes). L’individualisme roi, etc.

- l’amour de la France. A ce que je sache, ce n’est pas non plus –encore– un crime. Il est même, à mon sens, important de rappeler aux enfants le poids et la valeur de notre pays. Non pas par nationalisme, contrairement à ce que disent les mauvaises langues, mais bien par patriotisme. Etant un fervent partisan d’une Europe fédérale, je ne vois aucun obstacle à ce que chaque peuple garde une idée positive et un attachement à sa patrie.
Une patrie qui n’est ni le fruit d’une ethnie ou d’une géographie mais d’une culture et d’une histoire. Donc d’autant plus délicate à conserver et à transmettre.
D’autre part il faudrait que ces bonnes gens se décident, ce sont les premiers à se gargariser de la DDHC et du rang que la France occupe de ce fait mais une valeur qui en fait l’apologie les dérange ? C’est absurde.

Et même si ces trois valeurs font très « Travail, Famille, Patrie » le fait qu’elles aient été prises par l’Etat de Vichy comme devise ne doit pas leur retirer leur légitimité ou leur importance.

En troisième lieu, beaucoup invoquent à raison le risque d’absence de mise en contexte. Mais si le 22 octobre est la journée de Guy Môquet alors ils auront une journée de cours moins 3 minutes pour installer le décor. Ce sera suffisant ?

Pour conclure je me suis fait une frayeur avec la citation d’accroche de l’article. Un prof d’histoire qui fait un amalgame entre le contrôle d’un lien de filiation [pour juguler l’immigration] et une discrimination raciale [pour exterminer un peuple], outre l’assimilation spécieuse et gravissime qu’il fait entre le gouvernement et les nazis, c’est plutôt inquiétant.

Quand je pense que ce type va enseigner à des enfants dénués d’esprit critique (c’est l’âge qui veut ça, s’entend) ça le fait froid dans le dos.

5 Comments:

Blogger Tonifan dirait même plus que...

"La recette est connue, c’est le travail qui mène tout."

Tu pourrais préciser ta pensée ?

Au delà de la lecture de la guerre de Guy Moquet sur laquelle je n'ai personnellement pas trop d'avis sauf que le risque d'absence de contextualisation est quoi qu'on en dise bien présent .Il y a une chose qui manque cruellement à l'enseignement secondaire voire primaire français , c'est l'éducation politique . En effet on a parlé dans un post précédent de la médiocrité des médias et notamment de la télévision sur cette question or dans une famille dépolitisé et dans laquelle on ne parle de politique que pour dire que "les politiciens sont tous pourris», quel moyen a l'enfant et le jeune adulte pour se faire un avis politique et en connaitre un minimum sur nos institutions ? Je ne vois que l’école, or et je parle ici de mon cas personnel, cette éducation politique en classe fut très proche du néant.

9:49 AM  
Blogger Poncho dirait même plus que...

"c'est le travail qui mène à tout", j'avais oublié le "à".
Autrement dit on a rien sans rien, etc. Dans notre vie, rien en tombe du ciel en dehors du cadre familial: notre travail, nos relations, nos activités, notre culture, etc. Tout ceci est le fruit d'un travail, de recherches, d'efforts. Et le travail crée des qualités (mémoire, esprit critique, rapidité dans la lecture ou le traitement des données) qui sont essentielles dans notre vie de tous les jours.
Rien n'est acquis à priori.

Pour ce qui est de l'enseignement politique, tu parles de la connaissance des institutions, cette éducation là -institutionnelle- est survolée en éducation civique, elle gagnerait bien sûr à être approfondie.

Cependant, pour ce qui est de l'histoire de la politique et la détermination de enjeux actuels, on les voit à travers d'autres matières.
Mais de là à créer un enseignement de la politique -politicienne, par que je pense que c'est de ça dont tu parlais- cet exemple de la lettre est suffisant pour prouver, si tant est qu'il en était encore besoin, que les enseignants sont totalement partiaux.
Si ceux-ci se mettent à enseigner l'histoire des courants politiques, c'est la fin du libre arbitre. Tous les enfants auront reçu une éducation biaisée et ponctuée de jugements de valeur. Leur esprit critique n'étant pas suffisamment développé, ils resteront à jamais marqués, dans leur grande majorité par l'enseignement reçu.

Le manque d'éducation politique est regrettable certes, mais elle ne peut être qu'encouragée à l'école, pas enseignée.

10:47 AM  
Blogger Tonifan dirait même plus que...

"Mais de là à créer un enseignement de la politique -politicienne, par que je pense que c'est de ça dont tu parlais-" , non c'était plutôt de l'éducation civique dont tu parles au début et en effet , elle est plus que baclée , ensuite sans faire un cours sur les idéologies trop approfondie qui serait bien trop lourd , il s'agirait juste d'expliquer les courants politiques: extrême gauche , centre gauche ,centre , centre droit etc aux éléves qui pour certains d'entres eux ne connaissent vraiment rien de tout cela (les connaissances se limitant à Sarko , Royal ,Bayrou sans savoir vraiment quelle familles politique ceux ci représentent) , ça peut te paraitre surprenant mais c'est le cas .

9:13 PM  
Blogger Poncho dirait même plus que...

Je te rassure je ne reste pas dans ma tour d'ivoire, il m'arrive d'en sortir et même d'écouter des émissions dans lesquelles on interviewe de vrais gens. D'ailleurs si je me limitais à mon quartier je n'écouterais que "radio libertaire - la radio sans la voix de son maître".
tout comme toi, j'avais entendu un Cartier Libre de Caroline Cartier sur France Inter où les jeunes gens interrogés mélangeaient joyeusement les trois principales forces politiques en présence.

Même si tes remarques sont justifiées, les enfants perdraient plus -selon moi- à recevoir un enseignement biaisé et tellement difficile à synthétiser que de rester dans une simili ignorance.
On en revient aux médias qui ont pour mission de faire de la pédagogie et à fortiori les Hommes politiques.

Une fois ceux-ci investis dans leur mission d'éducation à la chose publique et les voix divergentes toutes entendues, les camps seront clairement différenciés et intégrés.

Après je me tout à fait me tromper...

2:20 PM  
Blogger Tonifan dirait même plus que...

Et oui en fait , la responsabilité de l'éducation politique incombe à ces trois là : les médias(les politiques et les journalistes) ,la famille , l'école aprés il ne tient qu'a l'individu de la compléter mais si ces trois forces ne jouent pas un minimum leur rôle , la démocratie est en danger (cf Tocqueville et la minorité de professionels qui s'occupent de la politique et la masse des citoyens qui ne se préocuppent que du bien être matériel d'eux même et de leurs proches ,mais tu en avais parlé dans un post précédent) .

3:31 PM  

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