vendredi, février 09, 2007

IVG I

A la faveur d’un nouveau référendum sur la dépénalisation de l’IVG, qui se déroulera dimanche 11 janvier au Portugal, je publie vos commentaires et mon avis.

julia

Je pense que c'est très simple d'affirmer une telle chose.
A 16 ans, on est pas toujours très mature et donc, faire une bêtise ça arrive et s'il n'y avait pas l'avortement dans ce cas précis, la souffrance des jeunes filles en question ne serait-elle pas supérieure???

Se faire avorter ou avoir un enfant qu'on ne désirait pas vraiment ou pas du tout et que l'on est dans l'incapacité matérielle et intellectuelle d'assumer??? Telle est la question.
Et pour moi, elle est toute résolue.

Tout le monde s'accorde à dire que la loi Weil de 1974 est une avancée, alors pourquoi régresser dans la pensée?

La majorité est civilement fixée à 18 ans, alors pourquoi à 16 ans on devrait être responsable de nos actes sexuels?

Enfin, étant une fille, je ne suis peut-être pas tellement neutre dans le débat mais selon moi, je le répète, une erreur, ça arrive à tous même aux meilleurs d'entre nous; donc, non, à 16 ans, selon moi, on ne devrait pas être responsable de ses actes sexuels.

Poncho
une question appelant une réponse, voici la mienne. tout d'abord tu demandes si la souffrance de la jeune fille ne serait-elle pas supérieure, mais supérieure à quoi? à la vie d'un être humain? ma réponse est catégoriquement non si c'est bien la vie de l'enfant à naître qui est mise en balance.

tu dis que tout le monde s'accorde à dire que c'est une avancée et tu sembles en déduire que revenir sur cet avis serait une régression, mais la majorité a-t-elle raison parce qu'elle est majorité? la phrase est connue: "mangez de la merde, des millions de mouche ne peuvent s'y tromper".

en ce qui concerne ton parallèle avec l'âge de la majorité civile il me semble que tu omets qu'en droit pénal, si ce n'est l'excuse de minorité, la responsabilité elle, est reconnue. il y a donc bien une responsabilité légale qui est reconnue. de plus ma question ne portait justement pas sur le droit (mais j'avoue que ma question est peu claire) mais sur une conception éthique. "Estimez-vous que l'on doit tenir pour responsable les mineurs d'environ 16ans quant aux conséquences de leurs actes sexuels?" serait plus exact. A mon sens la majorité civile n'entre en rien en ligne de compte dans la détermination de son avis. Avoir des rapports sexuels est un acte important et quelque soit l'âge du moment à partir du moment que l'on y consent c'est que l'on en accepte les risques et conséquences (à partir de 16ans, âge à partir duquel on peut estimer qu'en moyenne l'adolescent réfléchira un peu). Du moment où c'est un acte positif consenti qui est accompli je ne vois pas en quoi la minorité exclurait la responsabilité.

Enfin il est à noter qu'une erreur telle que celle-ci n'est pas à traiter de la même manière qu'un simple écart. C'est tout de même la vie d'un être humain qui est en jeu et évacuer le problème (excusez le double sens) en répondant: "ça arrive aux meilleurs d'entre nous" me semble bien léger. Il est clair que bon nombre d'infrastructures sont à mettre en place, un soutien plus effectif aussi mais il faut arrêter d'être aveugle quant à la part de responsabilité qu'ont ceux qui ont couché: ils l'ont voulu, la prévention me semble suffisamment présente et l'avortement n'étant pas une sinécure pour la fille en question je pense qu'il est bon d'y réfléchir à deux fois avant de commettre ce qui peut devenir l'irréparable. Donc au besoin prendre les mesures nécessaires: s'abstenir et non pas céder au célèbre et fallacieux carpe diem qui tient plus de l'égoïsme que de la liberté. Je conclurai en citant Antoine de St Exupéry: "Etre libre c'est être responsable".

Poncho

Bon, avant que les libertaires de tout crin me tombent sur le râble je vais préciser deux points. je parle d'abstinence...bou! le méchant intégriste facho! si ceux qui y trouvent à redire réfléchissais un tant soit peu il me semble qu'ils tomberaient comme moi sur la conclusion suivante: si des doutes ou des risques se posent avant de passer à l'acte il m’apparaît que c'est bien là le moindre des maux. céder à un instant de plaisir pour se retrouver avec une épine dans le pied de taille par la suite, je ne vois vraiment pas où est le bon calcul là dedans. des distributeurs de capotes se trouvent à tous les coins de rue alors à défaut de prévoir, un ptit sprint et hop ! emballé, c'est pesé. le deuxième point c'est sur "carpe diem" que j'enterre certes un peu trop rapidement. ce n'est pas du tout le principe en soi qui me dérange, au contraire j'ai appris qu'il ne fallait pas laisser le temps filer et d'ailleurs chacun fait comme il l'entend et s'il veut s'ébattre jour et nuit avec qui il l'entend, grand bien lui fasse. c'est la manière dont on l'invoque qui me bouscule dans mon slip. généralement comme argument spécieux à une conception au plus solitaire, à tout le moins qui fait peu de cas de l'autre. les mâles qui lisent ça ne peuvent me contredire pour la plupart. Ainsi que chacun se protège et évite de faire pâtir une tierce personne qui n'y est pour rien du fait de son inexpérience ou de son empressement. Faites comme bon vous semble mais n'oubliez que vos actes ont parfois des conséquences et que d'autres que vous peuvent souffrir de votre vie à pleine dent. roger

la libertaire psycho-rigide

Profondément déçu par ton manque d’humour et de recul (je pense que le surplus de privation et ta vie ascétique t’élève dans une bien pauvre suffisance de soi) je ne perdrai pas de temps a répondre a cette provocation idiote (libertaire) en début de post (le plus drôle ce sont les gens qui se sentent «méchant intégriste facho » alors que l’on a rien dit de tel, la théorie ridicule du martyr t’a profondément marqué au catéchisme, ça c’est sûr..)
Bref une réponse rapide juste sur deux choses :
- opposition de deux libertés fondamentales : le droit de la femme a disposer de son corps et le droit de la vie a l’embryon (je connais bien mon cours de droit publique hein ?). Très simplement ; à défaut d’égalité, je fais primer le droit de la femme, d’autant plus de la fille. Pourquoi ? Parce que, de la théorie de l’œuf et de la poule, c quand même la poule qui va élever l’œuf (excuse ma métaphore mais je sors de deux partiels alors ..). Bref long sujet sur le sens même de l’avortement mais je pense que dans le fond, on est tous d’accord pour reconnaître sa nécessité.
- Responsabilité : on a un principe : responsabilité absolue dés 18ans (c arbitraire comme age mais tu conviens qu’il faut bien de l’arbitraire). Mais responsabilité absolue ne signifie irresponsabilité totale avant cet age seuil, il faut bien éduquer la jeune personne et la justice doit jouer ce rôle, d’où « des responsabilités partielles » pour le jeune, cette responsabilité pénale que tu mets en avant n’est pas la même que celle à 18ans, elle est celle de l’éducation et de la découverte de la responsabilité, on met le jeune face a ces erreurs dans un but qui doit être encore plus pédagogique que celle post 18ans du moins c’est mon humble avis. Donc ne pas oublié la « responsabilité pédagogie »
- Rappel au cas où tu es oublié tes 16 ans (métalleux célibataire mal dans sa peau?) : on reste dans une logique d’appropriation et de réflexion des différents éléments de la société, à cet âge, on forme tout bêtement son caractère (sans remettre en cause la sincérité des sentiments des jeunes puceaux, je crois qu’ils font non pas « un acte d’amour » mais un acte de mimétisme face a l’adulte et ça peu les rendre relativement irresponsable car ils n’ont pas encore conscience de la portée de leur acte).
Personnellement je ne prône pas l’abstinence car toute privation excessif peut être malsaine, je prône tout simplement la prise de conscience des choses et de ce que l’on est, de ce que l’on aime vraiment et de ce que l’on veut vraiment. Et si l’on est nymphomane dans l’âme et bien soit, soyons prudent (et non abstinent) honnête mais soyons nous même au lieu de nous mentir et de nous contenter de ce mettre dans des cases qui ne nous irons pas. Voilà même si je désapprouve personnellement ce mode de vie, je n’émettrai aucun jugement de valeur et je n’aurai pas la prétention de donner des conseils sur les modes de vie.

binoude

En tant que secrétaire général de l'adolescence (et oui a 20ans j'y suis encore d'ailleurs quand en sort-on?) je pense que le débat est mort en France sur l'avortement. Une loi existe elle est pratique il ne faut pas revenir dessus. Et je le dis ; tant mieux. Il faut dans tous les cas rester maître de son corps et ce même après avoir fait une boulette. Et puis c'est aux femmes de légiférer non à nous les hommes qui passons vite un petit coup et zou canaillou.
En plus, en France il y a une éducation sexuelle,ou presque enfin moi j'en ai eu une. Et les deux (loi+éducation) sont nécessaires
d'autant plus qu'il y a le sida qui traîne encore plus.

ceRf

Ponchal, tu sembles faire du caractère consentant de la relation le point de départ de la responsabilité (du point de vue moral). On voit bien vite la limite et le caractère flou de ce qui détermine que l'on peut considérer quelqu'un comme un adulte ou pas. Ca dépend des expériences de chacun, de la connaissance que l'on a des relations sexuelles et des implications, d'une foule de choses qui ne sont aucunement absolue. Or, ta question est formulée en termes absolus. On est obligé de répondre "Noui."

TheAbyss

il aurait fallu poster les commentaires et mettre l'article en comm non ?
La question peut se poser autrement "Une femme de trente ans alcoolique et au chômage a-t-elle plus de légitimité à avorter qu'une gamine de 15 ans dont la mère désire encore de enfants et saura s'occuper parfaitement du nouveau-né ? C'est bien sûr une question de morale mais surtout de paramètres personnels sociaux et mentaux qu'on ne peut pas généraliser. Ouais, il me soule aussi à avoir tout le temps raison le cerf.

binoude

en même temps avec du relatif du "ça dépend des gens" on avance pas tellement!d'ailleurs veut-on avancer?
qui me le dit ça?
the abyss; la mère de la fille élèverait alors l'enfant de sa fille? vive la frustration de la fille et le mal être de l'enfant si je t'ai bien compris!
chouette!
cf freakonomics chapitre broken window mais pour des juristes l'économie et les choix rationnels c'est pas top si?
je prend ici personne de haut mais un enfant non désiré est un enfant né-mort: comment les parents vont s'en charger?s'ils s'en chargent ,comment l'état va gérer l'éducation d'un enfant alors que même ses parents s'en moqueront?
TheAbyss

Pour te répondre binoude, d'une part je ne pense pas qu'une fille irresponsable soit frustrée de ne pouvoir élever son enfant, je pense qu'elle serait plutôt frustrée de ne pas pouvoir continuer à vivre son insouciance. Et je pense qu'un enfant, surtout dans la société où on vit, avec le nombre de mères qui bossent et l'entrée dans les moeurs de l'éducation par les grands-parents, aura sans doute un mental plus équilibré avec une grand-mère attentionnée qu'avec une mère irresponsable ou absente.
Je vois pas non plus le rapport avec des juristes ou l'économie, mais tu dois en savoir plus que moi ^^
D'autre part, il est peut-être certains sujets aptes à la généralisation, sujets qui ne prennent pas en compte l'individualité humaine, mais c'est complètement stupide d'imaginer une règle générale applicable et appropriée à chaque individu. Alors, c'est vrai, "avec du ça dépend des gens on avance pas", mais c'est terriblement prétentieux et utopique de ne pas traiter un tel sujet sans subjectivité. Je relancerai ainsi : "Si le sujet peut être traité de manière générale, quel intérêt à avoir des juges, des avocats, des conseillers matrimoniaux, si de toute façon toute façon tout le monde doit être logé à la même enseigne et les sanctions similaires pour toutes classes sociales, pour toutes déviances mentales...En suivant une telle logique, plus d'ISF, plus de juges pour mineurs, plus de nuance dans les choix et une répartition rationnelle et géométrique des classes humaines. C'est triste pour l'humanité mais que veux-tu, c'est ce qui transpire de tes pertinentes remarques. Alors pour finir et te citer, "les choix rationnels c'est pas top, si ?"

TheAbyss

Juste pour rajouter qu'avec une telle uniformité dans ta vision du cosmopolitisme humain, on a vite fait de croire qu'une seule vérité peut-être applicable à toute une classe d'individus, et très vite arrêter de se demander pourquoi Elizabeth Teissier ne dort pas sous un pont avec ses cartes.
Bien à vous.

Poncho

La rationalité des choix pris par les politiques n'exclut en rien la subjectivité. Même si la loi est par nature obligatoirement générale et impersonnelle. Aux juges de l'appliquer en faisant une analyse cas par cas. D’où leur intérêt comme tu le soulignes.