vendredi, janvier 12, 2007

Long Feu

ou Eternal catatonia of a defaitist mind
Faire long feu: en parlant d'un projectile, partir avec retard; fig., ne pas réussir. Projet qui fait long feu.
Je ne sais pas ce qu'il se passe ni ce qui l'a produit: un partiel au terme duquel m’est apparue une impression plus que mitigée alors que je devais et pouvais le réussir, la prise de conscience récente que putain ouais, faut travailler et pas faire semblant si l'on veut arriver à ses fins, que dire aux autres "donne-toi les moyens de tes ambitions" et de les voir réussir c'était me parler et réussir par procuration, écouter agora fidelio à un moment inopportun, enfin un tête-à-tête avec X qui n'a finalement pas été aussi fondamental que ce que j'attendais depuis maintenant 3 semaines, que le blog n'est au bout du compte qu'un moyen d’expression pour ma soif de rayonnement/paraître/prestige inavouée et que comme me le disait un ami proche (quoique j'en dise) ce n'est en réalité qu'un autre lieu où les gens qui me connaissent déjà me retrouveront dans mes faiblesses et mes pseudos pensées ou réflexions qui avouons-le -même si c'est un secret de polichinelle- n'ont jamais été transcendantes et me permettent de chialer ma mère quand j'ai la décence de n'appeler personne directement.

Un lieu où je peux m'épancher sans modération car tout ce que je raconte sera oublié par indulgence et pédagogie (car à bien relire ce que je gerbe une fois tous les trois ans, rien n'est formidable, beaucoup est à jeter et le peu qui reste, si l'on y répond sans prendre de gants, on pourra sans difficultés me descendre).
C’est peut-être en somme le seul endroit où je suis réaliste et ose me regarder en face: vide. Alors on me répondra que pas du tout je suis drôle (quoique) et gentil, il n'en reste pas moins que les déclarations d'amitié les plus flamboyantes que j'ai reçu venaient de gens que je fréquentais depuis peu et le plus souvent à 4 grammes aux environs de 2h du matin.
Je ne suis pas du tout en train de faire un reproche implicite à ceux que je considère (et je pense leur dire suffisamment) être mes amis mais là avec explosions in the sky, le spleen qui va bien à mon âge et ces bons moment de remise en question où l'on fait le bilan (une spécialité chez moi) je me rends bien compte qu'il est difficile de tomber dans mes bras quand on est sobre à une heure chrétienne pour me dire combien on m'apprécie.

Encore une fois je verse dans le pathos et le lacrymal facile mais quoi de plus normal pour quelqu'un qui se pique d’un désabus facile et convenu à notre âge, qui finalement pète plus haut que son cul et est persuadé envers et contre tout d'avoir une quelconque valeur sur le plan intellectuel. Etre intéressant pour résumer.
Ca fait depuis belle lurette que j'essaie de m'en persuader mais l'Autre revient me voir régulièrement pour me rappeler qui je suis et je tombe. Je crois que je ne me suis jamais tenu sur mes deux jambes à bien y réfléchir.
Je vois le concept "d'être intéressant" comme charger ses phrases de mots à plus de trois syllabes avec des étymologies impossibles, être capable de sortir des réflexions trapues en politique, religion (pas philosophie, je suis pédant et j'ai une grande estime de moi mais il y a tout de même des limites), droit (puisque je m'en tape depuis bientôt trois ans et demi et même pas apte à sortir un raisonnement qui soit vraiment bon), avoir de la culture, de l'esprit, dépasser le bon sens populaire qui va bien au bistrot, être doux et gentil sans prendre cet espèce de faux air défoncé qu'ont beaucoup de cons que je rencontre (autant dans la glace que dans la rue), une sincérité qui n'est pas blessante.
Je sais bien que rassembler ces qualités c'est l'affaire de toute une vie mais en regardant la mienne jusqu'à maintenant (20ans) il y a un constat unique: les attitudes que je me suis données, les résolutions que j'ai prises, les avertissements et les coups dans la gueule que je me suis pris qui auraient dû me mettre en garde et me faire agir dans le bon sens, toute cette énergie et ce temps passé à faire le bilan, vouloir faire table rase, avoir une vue un tantinet perspicace, tous ces engagement pris devant les êtres les plus chers jusqu’à n’importe qui (même devant moi seul), tous ces conseils reçus, ces coups de pied au cul reçus et donnés par amour pour moi par les autres, tout ce que j’aurai dû faire et devrais faire toute cette gangue de laquelle je me promets chaque jour de sortir, tous ces livres, toute cette musique, tous ces films qui énoncent des vérités générales ou qui soulèvent le point précis qui devraient agir comme des aiguillons quant à la reprise en main de sa vie et qui y parviennent mais sans résultat concret: tout ça a fait long feu chez moi.

Alors je viens vous dire tout ça parce que petit à petit je passe de la noirceur pré pubère et bon ton de mon âge, digne des reportages sur le satanisme faits par m6, à un réel découragement et un désabus véritable alors que je crains -depuis que je vois mon Roi tel qu’il est- de devenir comme lui. Il me fait peur, je ne veux pas finir comme lui : revenu de tout, n’écoutant plus rien ni personne, vivant dans les illusions qu’il s’est créées au fil des années. Il est ce que je deviendrai si je ne change pas, il est la fin de mon évolution. Il n’a pas su prendre sa vie en main, rebondir quand il aurait dû et il le regrette mais s’y est fait. C’est certainement ça le pire : se faire aux choses. Le plus simple dans les habitudes c’est de les prendre. Et particulièrement les mauvaises. Comme dans le mariage (plutôt mourir seul sans avoir jamais connu personne que d’imposer ça un alter ego féminin). Alors si qulequ'un me lit, qu'il prenne acte de ce que je dis et qu'il agisse dans le bon sens qu'il redevienne acteur de sa vie, qu'il soit quelque chose et non pas un ectoplasme dès le plus jeune âge.

Je deviendrai un ventre mou (dans tout les sens du terme) je ferai un vague et minable concours administratif, je me laisserai aller au consumérisme ambiant et toute cette musique et ces réflexions simples ou complexes mais tellement justes des autres me parviendront toujours (car nous vivons dans un pays formidable où l’on peut y avoir accès totalement librement vu ma situation) et ce sera autant de coups de cutter dans cette chair flasque entourée de lipides engrangés, bien compacts. Graisse du corps et de l’esprit. Mens muerta in corpore muerto. Je crèverai la gueule ouverte exhalant un air putride comme ces gens minables et aigris qui ont tout eu pour eux et ont tout dilapidé. Gens que je conchie car il me renvoient à ma propre réalité et parce qu’il faut les bannir.
Oui, je juge les gens car on peut les juger, parce que je suis fier alors que je n’en ai pas les moyens, c’est bien un des axiomes de la connerie. L’humilité, je ne la connais que quand l’Autre frappe à ma porte ; le problème étant que l’ombre de mon Roi n’est jamais loin. On m’a dit si souvent que je lui ressemblais, c’est ce qui m’a toujours terrorisé, c’est ce qui est.

J’ai une vie formidable, je suis comblé de grâces tous les jours, je suis entouré par les meilleurs que l’on puisse espérer, je suis né dans une famille honorable avec des parents aimants et que je considère comme intéressants, j’ai pu aller là où je voulais, on m’a laissé le temps, on m’a tant donné… Finalement je n’ai offert que des bouquets de nerf et tout ce qui était entre mes mains a fait long feu.

*Bang*

5 Comments:

Blogger Poncho dirait même plus que...

raffrachissant comme d'habitude, merci pour cette réponse mais suite à un peitt échange que j'ai eu ave cune amie je me demande si je ne vais pas le supprimer ou quoique, m'auto-répondre.
j'aime me branler sur moi!
:/headshot

12:58 PM  
Blogger TheAbyss dirait même plus que...

Comme le dit le monsieur-qui-a-toujours-raison, la rpsie de conscience de son egocentrisme et de son apathie est déjà une bonne chose en soi. Dis-toi qu'il y a des gens qui ne se remettent même pas en question, qui n'auraient même pas l'idée de le faire. Je me retrouve très bien à travers ce que tu décris, cette désillusion de n'être qu'un grain de sable en pensant faire tourner le monde avec les autres pour satellites utilitaires ou éphémères, uniquement là pour renvoyer de toi une certaine image. Les deux choses les plus dures à faire à cette période d'adulescence sont à mon sens d'une part de réussir à passer de cette prise de conscience savoureuse, gratifiante mais néanmoins passive, à l'acte sensé, la vocation, la conviction, mais aussi à réussir à voir les autres avec détachement, en tant que centres de leur propre monde, en tant que source de richesse intrinsèque et non pas en tant que miroir valorisateur. Le blog est et restera pour une minorité le moyen d'exprimer des opinions et de les échanger, et pour une majorité un moyen de se mettre en valeur et de s'autosatisfaire. Alors je réécris la petite introduction de mon propre blog :

Tout ce qui viendra composer le corps de cette nouvelle naissance
Ne sera peut-être que théories naïves ou vestiges d'enfance.
Ne sera que frime ou rimes, sombres manigances,
Pour charmer les idiots et entretenir cette transe
Où se vautrent les narcissiques, pour croire en une essence,
Lorsque tard dans la nuit ils se relisent et pensent :
"Je suis fier de ce moi, de ce que je produis.
Toi qui lis cela et dissèque ce que j'écris,
C'est pour gagner ton estime que j'use de mes beaux mots,
Je prends les mieux bâtis pour masturber mon ego."
Mais je n'ai pas de vérité, et le long de cette route,
Je voudrais être humble mais ne peux me permettre
D'écrire entre chaque texte et après chaque lettre,
Que jamais je ne saurais, que tout ici est doute.
Et toi qui jette un oeil, qui moque ou qui comprend,
Hume donc cet orgueil et reste sur ce que tu penses,
Ou lis entre les lignes et tu percevras l'errance;
Tu verras que je brode, tu sentiras que je mens,
Mais si tu as la réponse, tu sauras que je t'attends.

10:09 PM  
Blogger Poncho dirait même plus que...

merci beaucoup pour ce comment the abyss. toujours constructif, c'est grâce à des gens comme toi que la petite minorité que tu décris peut échanger. car là où je laisse un post qui sera très souvent interprété comme un cri stérile à la face de google (car ça l'est quand même un peu beaucoup), toi et les autres qui laissez des commentaires à la suite permettent de transformer l'essai (pas toulousain pour rien merde). pour ça merci.
pour la 2e phase post-adulescente à entreprendre: merci aussi, je ne l'avais pour l'instant envisagé que pour les êtres qui me sont le plus chers...
et surtout pour ce poème, si j'avais écrit un tel truc y aurait de quoi se prétendre être le roi du pétrole. il est vraiment magnifique. pour ce but que tu viens de me mettre et à tout ce qui se prétend artiste et fait de la pneumo-poésie: bravo.
donc merci beaucoup ton commentaire est précieux et constructif: là aussi une minorité peut s'en prévaloir. et un cercle encore plus restreint peut en profiter.
j'en suis tellement épaté que je redonde!
à tous ceux qui trouvent que je taille trop de pipes à ceux qui laissent des commentaires ici: laissez une telle qualité et vous y aurez droit.

10:55 PM  
Blogger Poncho dirait même plus que...

peitt plus: c'est pas pour te taper ta remarque mais ton poème est exactement ce que je recherche avec mon blog. enfin encore une fois c'est le principe mais les exceptions peuvent se multiplier sous forme de posts péremptoires et arides.

10:56 PM  
Blogger TheAbyss dirait même plus que...

Bah c'est juste une façon de dire les choses telles qu'elles sont, c'est-à-dire que dans un blog t'as le choix entre émettre des positions très campées, et accentuer ton effet "sûr de toi" par une belle rhétorique, et là tu passeras pour un jeune con prétentieux et pseudo-omniscient, ou alors te contenter de sujets bateaux, de débats insolubles, ou d'une neutralité déconcertante.Un blog est toujours foiré par principe, parce que si tu essaie de viser le grand public tu perds ton essence,ton identité, tes opinions, et si tu es toi-même, tu es dans le meilleur des cas un connard prétentieux, dans le pire un personnage chaotique, un patchwork d'influences.D'où ma remarque sur la minorité de blogs pertinents, voués à une cause plus qu'à l'individu, parce que s'intéresser au monde en restant général rameutera du monde mais te fera perdre ta personnalité, et exprimer tes opinions fera toujours chier des gens qui, en soulignant ton étroitesse d'esprit, ne feront que te retirer ton droit d'avoir tort, ton droit à être infiniment petit, bref ton essence humaine. Le sens de mon petit texte en fait se résume à cette question : où est l'intéret d'une idée si on ne la présente pas comme une opinion solide, si on crée soi-même thèse et antithèses. Plutôt que d'avoir son idée,personnelle et concrète, et l'opposer dans un dialogue à un interlocuteur imaginaire, aux convictions opposées mais que tu as créé avec TES préjugés, il me semble plus sain d'émettre une vraie thèse, de lui donner l'apparence de la conviction, et ensuite laisser les autres te contredire. C'est aussi ça accepter l'individualité des autres, le crédit de leur essence, c'set ne pas créer les réponses à leur place. parce que souvent tu as raison et tu sais ce qu'ils dirons, et parfois il y a une étincelle et tu perçois l'Autre. L'Autre qui détient cette part de réflexion, ce point de vue que tu n'avais même pas envisagé, c'est ça la richesse de l'amitié je pense. Pour finir, ce texte signifie aussi que j'essaie de garder cette apparence de conviction, de force dans l'opinion, mais pour éviter de paraître imperméable à l'opinion extérieure, je précise que je voudrais, après chaque phrase que j'écris, dire que je ne suis pas sûr de la légitimité de ce que j'écris et que j'ai conscience du caractère éphémère de ces opinions.
Bien à vous :p

1:35 AM  

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